Pleins phares sur les nouvelles technologies

Mille et une questions sur les nouvelles technologies en 2024 – 1/3

Bienvenue en 2025 ! Nous allons peu à peu commencer à découvrir les nouveautés dans l’univers des nouvelles technologies et les challenges qui les accompagneront. Ils viendront se joindre à la multitude de questions qu’a suscité cet univers en 2024. Que ce soit les nombreux questionnements liés à la percée de l’intelligence artificielle, les inquiétudes générées par les cyberattaques ou encore les conjectures douteuses sur les bulles spéculatives des différentes monnaies électroniques, il faut dire que les interrogations s’accumulent. Revenons sur certaines d’entre elles, mises en relief par des situations concrètes, au fil des mois de 2024. Loin d’être un exercice de nostalgie, c’est plutôt une volonté de souligner des défis qui vont inévitablement s’accentuer en 2025. Eh oui, comme qui dirait, on n’arrête pas le progrès !

En Janvier 2024, s’est posée de manière concrète la question de l’Homme augmenté. Le 28 janvier 2024, Neuralink, la start-up de recherche et développement visant à fabriquer des puces électroniques-neurologiques a marqué les esprits en posant Telepathy, son premier implant cérébral sur un être humain. Ce dernier sera présenté au public en mars. Il s’agit de Noland Arbaughn, devenu tétraplégique après un incident de plongée. Celui-ci reconnaît que cet implant a changé sa vie significativement. En effet, l’objectif mis en exergue par cette expérience est que les personnes paralysées puissent commander un ordinateur, un membre robotique… par leur cerveau. Ainsi, Elon Musk, le fondateur de Neuralink, nous promet pour bientôt une installation d’implants cérébraux accessibles à tous pour environ 40 000 dollars. L’on imagine aisément qu’il s’agit de faire de cette interface cerveau-ordinateur, non pas seulement un outil pour assister les personnes en situation de handicap, mais un produit dont pourrait se doter n’importe qui pour augmenter ses capacités.

Y aura-t-il une humanité à deux vitesses avec une sorte d’humain capable de contrôler les machines par la pensée et les autres ? Qui contrôlera vraiment qui : est-ce l’homme qui contrôlera ses décisions ou y aurait-il une influence grandissante de l’IA sur les choix et la pensée de l’homme augmenté ? Et quelle est la responsabilité de l’homme augmentée en cas d’action menée « sous influence de l’IA » ?

Revenons en France où les premières réticences de la CNIL en matière de création par les enquêteurs du ministère de l’économie et des douanes de faux-profils pour traquer les escrocs ne sont apparemment plus de mise. La loi de finances 2024 votée en décembre 2023 autorise les enquêteurs des impôts et des douanes à s’inscrire aux comptes avec un pseudonyme pour enquêter.

La légende veut que, Outre-Atlantique, Ramon ABBAS, plus connu sous le pseudonyme Hushpuppi, l’ « un des blanchisseurs d’argent les plus prolifiques au monde » ait d’abord attiré l’attention du FBI avec son lifestyle sur Instagram, digne des plus grandes fortunes alors qu’aucune activité ne le justifiait. Il est vrai que les posts en ligne sont un indicateur du train de vie et qu’ils permettent de traquer les fraudeurs et les escrocs.

Il est aussi tentant de se dire que cette cybersurveillance est pour la bonne cause. Et puis il y a un encadrement qui, s’il est respecté dans la mise en œuvre, semble donner certaines garanties.

Les agents des finances publiques peuvent ainsi prendre connaissance de toute information publiquement accessible sur les plateformes ou interfaces en ligne, y compris lorsque l’accès à ces plateformes ou interfaces requiert une inscription à un compte.

Lorsque l’on doit s’inscrire à un compte pour avoir certaines informations, peut-on considérer que ces informations sont publiques ? C’est un débat que cette loi semble avoir tranché à sa manière.

Il convient aussi de se poser la question de savoir si ce qu’on accepte en ligne comme opération de surveillance serait acceptable dans la vie réelle, dans les mêmes conditions et selon les mêmes règles.

Le 4 Février 2024, Facebook a soufflé sa vingtième bougie. Il a su s’installer comme le premier réseau social au monde. Cet anniversaire a été l’occasion de faire une rétrospective sur l’avant et l’après Facebook. C’est un réseau social qui a eu tant d’impact sur la vie sociale, les relations humaines etc… Entre autres effets de Facebook, peut-on relever le fait qu’il ait contribué à rendre floues les frontières de notre vie privée ?

Dans un tout autre registre, au cours du mois de février 2024, a été faite l’annonce du démantèlement du groupe de hackeurs Lockbit par une action conjointe de forces britanniques, françaises, japonaises, américaines. Un travail d’infiltration de longue haleine a abouti à cette victoire qu’il convient de saluer, même s’il n’échappe à personne qu’en matière d’organisations de hackeurs, prévaut l’adage un de perdu, dix de retrouvés.

Le 18 mars 2024, dans une tribune du Figaro, Najat Vallaud-Belkacem, l’ancienne ministre de l’éducation nationale en France a donné un coup de pied dans la fourmilière en proposant de limiter l’accès à Internet, en accordant un nombre limité de gigas à chacun. Cette idée, même si elle n’a pas été du goût de tout le monde, elle a eu le mérite de poser la question du rapport à l’écran. Ne nous concentrons pas sur cette proposition radicale mais sur les autres pistes de résolution de ce problème bien réel.

En avril 2024, l’interdiction sur le sol américain de l’application Tik Tok, proposée dès le début de l’année, s’est concrétisée par l’adoption d’une proposition de loi par la chambre des représentants aux USA. D’après cette loi, si ByteDance, société détenant Tik Tok ne vendait pas cette application dans un délai de douze mois à une entité américaine, le marché américain lui serait interdit. En cause dans la prise de cette décision, la gestion des données par Tik Tok et sa filiation chinoise créeraient quelques inquiétudes. Mais en filigrane de cette menace d’interdiction demeurent plusieurs autres préoccupations comme le paiement des droits d’auteur, la crainte d’une ingérence étrangère etc.

Il faut préciser que cette loi a suivi son petit cours en étant adopté par le sénat dans la foulée. Tik Tok risque d’être banni des USA ce 19 janvier 2025. Visiblement, l’entreprise ne compte pas céder à cet ultimatum. Dès le début de cette tentative d’interdiction, Tik Tok invoque « une violation de la liberté d’expression » ainsi qu’une atteinte à la libre concurrence.

Il faut dire que la position ferme des USA à l’égard de Tik Tok est à bien des égards intéressante. Plusieurs réseaux sociaux ont conquis le monde depuis le pays de l’oncle Sam. Cette menace de bannissement est désormais une arme que les USA eux-mêmes ont validé comme légitime pour contrôler les réseaux sociaux étrangers. L’on pourrait s’en inspirer de par le monde pour mettre au pas ces réseaux sociaux. Twitter, désormais appelé X, a dû faire face au Brésil à une menace d’interdiction. Pour sauver la présence de son réseau social au Brésil, Elon Musk a dû s’acquitter d’une amende et procéder aux changements requis par la justice brésilienne.

Reste à voir comment s’articule dans les faits cette interdiction de Tik Tok. Le réseau social ne serait plus téléchargeable dès le 19 janvier, à moins d’un revirement majeur. Ceux qui l’ont déjà n’auraient plus accès aux actualisations du réseau.

"The destruction of the human experience. Courtesy of Silicon Valley." - Hugh Grant - @HackedOffHugh on X

Est-ce que les avancées technologiques mettraient en danger le travail des artistes ou des créateurs ? C’est une inquiétude qui persiste avec la percée de l’intelligence artificielle. Et sur ce point, Apple n’a pas choisi de rassurer les foules avec le spot publicitaire « crush » présenté au public le 7 mai 2024. Une presse hydraulique écrase un piano, une guitare, une trompette, un buste, des pots de peinture, bref, divers objets associés à l’art. Ces objets compressés laissent la place à un iPad. La musique d’ambiance est « All I ever need is you » de Sonny et Cher. Cette mise en scène était censée mettre en lumière l’ultra-finesse de cette nouvelle tablette. Ce n’est pas ce que la majorité du public a retenu de ce spot. Beaucoup avaient l’impression que s’y jouait la mise en pièces de la créativité humaine face à l’intelligence artificielle. C’est le tweet de l’acteur Hugh Grant qui résume le sentiment de défiance créé par cette publicité « la destruction de l’expérience humaine grâce à la Silicon Valley ». Apple retire donc le spot le 10 mai 2024 avec ses excuses. Quelques jours plus tard, son concurrent Samsung n’hésitera pas à se servir de cette erreur dans la communication d’Apple pour mettre en avant sa tablette dans un décor qui, cette fois-ci, célèbre la créativité humaine.

Mood music : You Rock My World - Michael Jackson

Auteure, rédactrice

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